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¤ PARLE-MOI COMME LA PLUIE ET LAISSE-MOI
ÉCOUTER
de Tennessee Williams (1945)
d'après la traduction de Jean-Claude Fall |
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Un homme
et une femme dans une chambre miteuse de Manhattan.
Elle l'a attendu longtemps, peut-être plusieurs jours. Il a été humilié
et molesté. Il s'est donné sans réserve.
Il veut, maintenant, simplement, qu'elle lui parle, qu'elle lui raconte
une fois de plus ce qu'il sait déjà.
Pour cela, il va s'offrir à elle.
En retour elle fera de même.
Ils n'ont rien, à part les histoires qu'ils se racontent pour continuer
à exister.
Ils n'ont rien, à part le plaisir de se raconter des histoires et de
rêver. |
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TENNESSEE WILLIAMS:
(Colombus, Mississipi 26.03.1911 / New York, 24.02.1983)
Thomas Lanier Williams passe son enfance à Memphis dans la maison de
son grand-père, pasteur.
Il coupe définitivement les liens avec sa famille en 1937, lorsque sa
soeur Rose, atteinte de schizophrénie, subit une lobotomie qui la
laissera très handicapée. À partir de ce jour, Thomas Lanier devient
Tennessee Williams, en l'honneur de ses grands-parents Williams York.
Lorsque la guerre survient en 1939, il n'est pas appelé en raison de sa
mauvaise santé physique et psychiatrique, de son alcoolisme et de son
homosexualité.
Il écrit sa première pièce, Bataille d'anges en 1940.
Après avoir exercé divers métiers, dont celui de scénariste à
Hollywood, il s'impose à Broadway avec La Ménagerie de verre (1945).
Dès lors, Tennessee Williams poursuit une carrière dramatique brillante
et féconde. Il s'attache à décrire des marginaux, proies des excès et
frustrations de la société, et explore à travers des individus pris au
piège des circonstances, les limites de la condition humaine. Ses
personnages tentent désespérément de rompre leur solitude dans un monde
cruel où les hommes sont les victimes impuissantes d'un système social
impitoyable et périmé. Incompréhension, frustration, culpabilité,
homosexualité et névroses forment la trame de son univers.>
Une esquisse de ce travail a été présentée en mai
2002 lors des Rencontres Théâtrales d'Eysines (33) au théâtre Jean
Vilar. |
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¤ EXTRAIT
L'HOMME:
Ça fait si longtemps que nous n'avons plus été ensemble autrement que
comme un couple d'étrangers qui vivent ensemble. Essayons de nous
retrouver et peut-être que nous ne serons plus perdus. Parle-moi! Je me
suis perdu! - Je pensais à toi souvent mais je ne pouvais pas
t'appeler, chérie. Pensais à toi tout le temps mais pouvais pas
t'appeler. Qu'est-ce que j'aurai pu dire si j'avais appelé? J'aurais pu
dire, je suis perdu? Perdu dans la ville? Passé de main en main comme
une photo obscène? - Et puis raccrocher... Je suis perdu dans cette -
ville...
LA FEMME:
Je n'ai rien avalé que de l'eau depuis que tu es parti! (Elle dit cela
presque gaiement, en riant à cette pensée. Touché, l'Homme la serre
fort contre lui avec un doux sanglot) - Rien que du café en poudre
jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus, et de l'eau!
L'HOMME:
Tu veux bien me parler, chérie? Tu veux bien me parler, maintenant?
LA FEMME:
Oui!
L'HOMME: Bien, parle-moi comme la pluie et -
laisse-moi écouter, laisse-moi m'allonger ici et - écouter... (Il se
laisse retomber en travers du lit, roule sur le ventre, un de ses bras
pend sur le côté du lit et de temps en temps il bat la mesure sur le
sol du bout des doigts. La mandoline continue de jouer.) Il y a trop
longtemps qu'on ne s'est pas - parlé franchement tous les deux. Alors
dis-moi des choses. À quoi pensais-tu dans le silence? - Pendant que je
passais de main en main comme une photo obscène dans cette ville...
Dis-moi, parle-moi! Parle-moi comme la pluie et je m'allongerai ici et
j'écouterai.
LA FEMME:
Je -
¤
DOSSIER DE PRESSE
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