Nés sous x
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>>>retour ¤ HAMLET-MACHINE  
de Heiner Müller
traduction de Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger
   
  Heiner Müller a imaginé Hamlet au XX° siècle. De l'autre côté du rideau de fer, il dit les révolutions échouées, la perte des illusions, la fin des utopies gauchistes. Les personnages sont multiples. Müller les pare de nouveaux attributs pour parler de la position de l'intellectuel ... et d'un théâtre qu'il juge moribond.
Hamlet et Ophélie sur un plateau de théâtre, prison et refuge. Plusieurs voix pour donner la pensée / l'intériorité / la sensation d'un auteur face à l'Europe, à ses contemporains, à l'Histoire, à la mémoire collective. Un désir de résistance.
Acteurs et objets assument plusieurs fonctions, se transforment.
Au-delà des idéologies et des actes, ils participent à un même discours. Hamlet et Ophélie cohabitent et contredisent le mythe.
La souffrance et la violence sont au centre des choses. Souffrance mentale, violence verbale pour Hamlet. Souffrance physique... traumatisme et violence au-delà du verbe pour Ophélie. La démission de l'un laisse place à l'engagement par la haine de l'autre.
Hamlet-Machine est une expérience, une sorte de voyage pour l'acteur et le spectateur. C'est un moment particulier dont on ignore l'après. L'avant, c'est l'Histoire et la société dans laquelle nous vivons, c'est la nature des personnages: des comédiens.
   
  ¤ HEINER MÜLLER:
(Eppendorf, 09.09.1929 / Berlin, 30.12.1995)

Auteur, dramaturge et metteur en scène, Müller laisse derrière lui une œuvre complexe, recherche d'une langue et d'une forme capables de dire le chaos du siècle dernier et de celui à venir. Considéré par beaucoup comme un héritier de Brecht, adulé tout autant que controversé, son parcours est étroitement lié à l'Histoire de la deuxième moitié du XX° siècle, qui constitue son matériau de prédilection.

Ce travail a été présenté en chantier en mai 2001 lors des Rencontres Théâtrales d'Eysines (33) au théâtre Jean Vilar puis dans le cadre des “Découvertes” du festival des Chantiers de Blaye (33) en septembre 2001.

 
   

¤ EXTRAIT

Photographie de l'auteur.

Je ne veux plus manger boire respirer aimer une femme un homme un enfant un animal. Je ne veux plus mourir. Je ne veux plus tuer.

Mise en pièces de la photographie de l'auteur.

Je déchire par effraction ma viande scellée. Je veux habiter dans mes veines, dans la moelle de mes os, dans le labyrinthe de mon crâne. Je me retire dans mes entrailles. Je prends place dans ma merde, mon sang. Quelque part des corps sont brisés pour que je puisse habiter dans ma merde. Quelque part des corps sont ouverts pour que je puisse être seul avec mon sang. Mes pensées sont des plaies dans mon cerveau. Mon cerveau est une cicatrice. Je veux être une machine. Bras pour saisir jambes pour marcher aucune douleur aucune pensée.

Les écrans-télé noirs. Du sang sortant du réfrigérateur. Trois femmes nues: Marx Lénine Mao. Disent en même temps, chacun dans sa langue, ce texte :
IL FAUT BOULEVERSER TOUS LES RAPPORTS DANS LESQUELS LES HOMMES…
L'interprète d'Hamlet revêt costume et masque.

HAMLET LE DANOIS PRINCE ET PÂTURE DES VERS TRÉBUCHANT
DE TROU EN TROU VERS L'ULTIME TROU SANS PLAISIR
DANS LE DOS LE FANTÔME QUI L'A FAIT
VERT COMME LA CHAIR D'OPHÉLIE EN COUCHES
ET JUSTE AVANT LE TROISIÈME CRI DU COQ UN FOU
DÉCHIRE L'HABIT À GRELOTS DU PHILOSOPHE
UN CHIEN SANGUINAIRE SE GLISSE DANS LA CUIRASSE

Entre dans l'armure, fend avec la hache les têtes de Marx Lénine Mao. Neige. Époque glacière.



¤ DOSSIER DE PRESSE

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