Nés sous x
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>>>retour ¤ LOIN DU MOTEL IDIOT  
De Juliette Mézergues et Mathieu Dufourg
   
  Un lit de camp, un fauteuil roulant, un frigo portant l’inscription HAMLET 1, une chaise, une télévision, trois abats-jours, une caméra.

Le décor regroupe les éléments présents dans chacun des deux premiers spectacles, Parle-moi comme la pluie et laisse-moi écouter et Hamlet-Machine . Des objets du quotidien qui ont vécu, et qui associés, contribuent à donner une atmosphère particulière : l’intimité des personnages.

Ils vivent depuis longtemps et pour longtemps dans cet espace.

Les scènes jouées l’ont été des centaines de fois : comment finissent-elles par être vidées de leur sens, comment la réitération peut en dévoiler le secret. Quelle en serait la charge émotionnelle possible.

Les acteurs jonglent entre la réalité de leur condition -un homme et une femme sur un plateau de théâtre, face à un public- et la capacité qu’ils ont à incarner des personnages. Au fil du spectacle, ils remodèlent l’espace pour avancer dans le récit.

Ils abordent sous un nouvel angle les thématiques des deux volets précédents : l’Histoire, l’intime, la violence, l’acceptation d’autrui, le mythe, la résistance.

Le texte alterne monologues et séquences dialoguées. Récits mythiques et scènes inspirées du quotidien.

L’utilisation de la vidéo devient pour l’acteur un masque supplémentaire lui permettant de s’adresser et de se révéler à son partenaire et au public de façon différente. Elle se construit en même temps que le spectacle et permet une mise en abîme du récit.

Il n’y a pas de fatalisme. Pas de jugement. Pas de morale. Juste une tentative d’accepter le chaos.

Quels référents sont encore valables ? Peut-on en inventer de nouveaux ? En avons-nous réellement besoin ?

Loin du motel idiot raconte le manque de repères, la peur, le réconfort possible

   
   

¤ EXTRAIT

HOMME : Peut-on affirmer qu’on a eu une enfance heureuse ?
Qui a eu une enfance heureuse ?
Qui n’a pas simplement rêvé son enfance heureuse ?
L’honnêteté n’est-elle pas d’affirmer que seuls ceux qui clament les douleurs de l’enfance disent la vérité !
On peut facilement imaginer cela-
Tout le reste n’est que le fantasme quotidien qu’on se raconte le soir pour se lever le matin.
Quelle insouciance!

FEMME : Faut pas exagérer.
Mon enfance n’a pas été merdique du tout.

HOMME : C’est ce que tu veux bien croire ou laisser croire
Mais toutes les enfances sont violentes car il faut les quitter les tuer les achever-
Les enfances souffrent puisqu'elle meurent! A petit feu!
C’est ça la merde c’est que personne ne peut avoir une enfance heureuse car elle n’est pas éternelle.
Enfance- merdique.

FEMME : Tu me dis quand tu auras fini de dire des conneries.

Un long temps

HOMME : Ca y est.

FEMME : J’avais vingt ans quand c’est arrivé. C’est avec cette radio- Ce vieux poste Dans la cuisine- que j’ai enfin compris que j’étais mortelle comme ce vieil homme qui venait de passer l’arme à gauche. L’impossibilité- La conscience de l’impossibilité de le rencontrer un jour m’a envahie. Ca a tout changé. Je veux dire que mon point de vue a changé. Si je ne pouvais jamais espérer rencontrer ce type, d’autres choses étaient également impossibles- Et tout ça pour une bonne raison : rien n’est éternel. J’ai eu froid et je sentais le vide autour de moi et ma condition me faisait mal le simple fait de se dire que tout doit disparaître me faisait mal cette grande abstraction m’assommait et pétrissait mes intestins.

Un temps

C’est comme ça que j’ai fait l’expérience de la mort.
Et je ne regrette rien de mon enfance -Même pas de l’avoir quittée parce qu’elle était très bien et c’est déjà ça de gagné sur le reste.

La femme se change, se sert du thé puis va s'allonger sur le lit.


¤ DOSSIER DE PRESSE

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